« On n’est pas un vrai cévenol tant que l’on n’a pas tué un sanglier ! ».
C’est ce que m’a certifié mon ami Pierre, ci-dessous, un fin fusil.
C’est sur cette sage maxime que j’ai appris ce qu’était le sanglier dans les Cévennes. Ce n’est pas une activité cynégétique, non ! C’est tout autre chose !
Dès la fin du mois d’août, on entend presque, résonner dans le fond de la vallée, le bruit des fusils et carabines sortant de leur étui et de la culasse qui se referme sur les premières balles.
Mieux, les chiens de meute se mettent à hurler à l’unisson la veille du premier samedi de l’ouverture. Pourtant, on ne le a pas prévenu, mais eux, ils connaissent les dates. Dans chaque village, il y a au moins une battue, quelquefois plusieurs
La battue c’est un rassemblement de chasseurs, tous gens sympathiques, copains et amis qui se connaissent bien.
Ils sautent dans des tout-terrain et 4 X 4 et je le vois passer sur la piste devant notre mazet.
Comme c’est toujours le cas, je demande où va aller ladite battue, que je n’aille pas me mettre dedans en promenant Payo.
Avec mon épouse quand nous partons en rando, c’est aussi ce que nous faisons quand on tombe sur un chasseur posté.
Nous sommes toujours très bien reçus, déçus qu’ils sont souvent devant le passage d’énergumènes anti-chasse clamant que « la forêt est à tout le monde… »
Autour du mazet, nous les incitons aussi à y faire le maximum de prélèvement, les sangliers pendant l’hiver venant retourner mon pré et mon potager.
Chasseur ayant pris le timbre gros gibier, je n’ai jamais eu la chance d’en mettre un dans ma ligne de mire. J’en ai vu…souvent…quand je n’avais pas le fusil.
Preuve de mon aventure un beau matin de septembre, alors que je bricolais au mazet. Quand soudain, j’entends les cris des chasseurs et coups de fusil multiples accompagnés de mise en garde et autres appréciations :
Il est passé là
Je l’ai tiré,…
Oui, mais tu l’as manqué
Quelques instants après :
Il vient de sauter la route, il est en face !
Nous étions tous les deux sur le qui vive, mais, finalement, je retourne travailler, mon épouse me soulignant néanmoins sarcastique :
Tu vas voir, il va passer devant le mazet au milieu de mes fleurs
Encore une de ses blagues favorites destinées à m’inquiéter. Aussi pas plus ému que cela, je continue à m’occuper quand soudain elle crie :
Viens vite, il y a un gros chien noir qui vient de traverser, il a même renversé les pierres du muret de par-dessus.
Je suis sorti comme un fou, le fusil sous le bras, cherchant mes cartouches spéciales, …mais le gros chien noir lui, il était déjà loin
Mais tu ne vas pas tuer un chien quand même
Ce n’est pas un gros chien noir, c’est le sanglier ! Malheur de malheur, j’aurais dû me poster, au passage là à travers notre pré, je te l’alignais et crois-moi, je ne l’aurai pas manqué.
Les chiens, ils sont arrivés après, pleins de « Baou Baou » et ils ont continué la poursuite.
En balade, j’avais même découvert un poste donnant sur un paysage magnifique et preuve de la qualité de cet endroit un étui de balle de carabine.
Le seul souvenir de sanglier qui me reste à la maison c’est une très belle mâchoire avec ses deux défenses que j’ai trouvée au fond d’un valat.
Enfin pour en déguster, c’est pour bientôt, mon ami Gérard m’en a gardé un beau morceau dans l’échine lors de notre prochaine venue aux Plantiers.
Mais si vous voulez en voir un de prêt, allez donc déjeuner au Panier Fleuri à Saumane. En plus d’un excellent repas d’une cuisine familiale comme on n’en fait plus vous serez à l’ombre des platanes devant le dieu tutélaire des Cévennes…Le sanglier !